HISTOIRE DE LA MJC DE SAVIGNY SUR ORGE

de 1964 à nos jours

 
(Document retrouvé daté de mai 1977)

En avril 1975 le Conseil Municipal adoptait un texte intitulé :

 

" POUR UNE ACTION CULTURELLE MUNICIPALE "

qui constitue d'abord un appel à la discussion et à la réflexion nécessaires à l’élaboration des projets de la Municipalité en matière culturelle.

La MAISON DES JEUNES ET DE LA CULTURE, créée voici une douzaine d'années, n'a pas bénéficié, jusqu'à maintenant, de conditions favorables lui permettant d’occuper dans la Commune la place à laquelle elle aspire.

Cependant et malgré le rôle modeste dans lequel les circonstances l’ont maintenue, elle veut, par ce document, apporter au débat ouvert en avril 1975 quelques éléments qui constitueront sa contribution à la recherche entreprise.

Cette contribution n'est d'ailleurs pas désintéressée. Consciente de sa vocation, la M.J.C. a la volonté d’obtenir maintenant les moyens de remplir pleinement sa fonction.

Par ailleurs, les récentes élections amènent la Municipalité à remettre la réflexion sur le métier.

Le moment semble donc venu pour la M.J.C. de présenter son dossier.

Le document municipal d'avril 1975 est divisé en deux parties dont la première est une interrogation : 

"QU’EST-CE QUE LA CULTURE ?"

La question n'est pas nouvelle car la notion de culture, fort ancienne, a suivi une lente évolution au cours des ages et selon les lieux. Cependant, c'est surtout, semble-t-il, depuis la fin de la 1ère guerre mondiale que le débat sur la culture s'est élargi et amplifié, opposant la "Société des esprits" aux tenants de la culture populaire, la culture traditionnelle à la culture moderne, la culture élitiste et la culture individuelle à la culture de masse, littéraires et scientifiques, culture et civilisation...

Nombreux sont ceux qui se faisant une représentation personnelle de la culture en ont proposé une définition. Ouvert depuis longtemps, le débat est loin d'être clos...

La difficulté rencontrée pour définir la culture commence d'ailleurs non seulement avec l'idée mais aussi avec le mot "CULTURE" qui est pris dans des sens multiples :

a) La culture peut signifier l'héritage acquis par un groupe au long de son histoire ; le sens est alors proche de civilisation,

b) La culture peut également signifier la somme des connaissances acquises par un homme,

c) La culture peut encore signifier une vision du monde auquel on aspire et en fonction de laquelle se forme l'appréciation et s'établit le comportement.

Chacun de ces trois sens recouvre un aspect différent d'une même idée : l'héritage acquis c'est le passé, la somme des connaissances c'est le présent, la vision du monde c'est le futur.

Mais ce passé, ce présent, ce futur ne sont pas les mêmes pour tous les hommes :

L'héritage de l'histoire n'est pas le même pour un Chinois ou un Marocain et, s'il comporte un patrimoine commun, il est encore différent pour un Alsacien et un Breton, un Picard et un Provençal, un Vendéen ou un descendant des Camisards, etc..

- les connaissances sont si nombreuses que personne ne peut prétendre les avoir toutes; en conséquence de quoi les critères d'appréciation en fonction desquels on est généralement réputé cultivé varient selon les époques, les lieux, les groupes sociaux.

- la vision du monde auquel on aspire diffère également beaucoup d'une personne à l'autre. Que ce soit à l'intérieur des frontières de France ou au sein de la communauté plus réduite que forme la population de la commune, on peut donc dire qu'il existe à la fois un patrimoine commun et des particularismes incontestables.

Cette première analyse nous amène donc à constater, comme le débat cité plus haut l'a déjà démontré, qu'il n'existe pas une culture mais "des cultures".

Cette affirmation est loin d'être généralement admise et il convient de s'interroger sur les motifs de ce refus, non sans avoir d'abord constaté qu'il semble essentiellement fondé sur les critères d’appréciation des connaissances.

Depuis le Moyen Age, la société est fondée sur l’opposition entre ce que l’on appelle – et la masse le lui reconnaît – une supériorité politique, économique, intellectuelle, morale, spirituelle, etc.. Cette supériorité est sanctionnée notamment par l'éducation et par l'appréhension d'un certain nombre de connaissances. Ainsi se sont établies diverses gammes de connaissances qu’il convient d'avoir pour être réputé cultivé. Quiconque n'a pas acquis un certain nombre de celles-ci reste un être considéré comme inculte.

Ceci est l'opinion commune aussi bien de "l'élite" qui entend conserver sa "supériorité" que de la masse qui sent que dans la société où elle vit l'accès aux connaissances reconnues est indispensable à sa promotion sociale.

Le mot culture a acquis de cette manière un sens exclusif. La masse elle-même comprend le mot de cette façon. Pour de nombreux hommes, la culture c'est un ensemble de connaissances auxquelles ils n'ont pas accès. Il y a absence d'intérêt culturel parce que beaucoup se sentent étrangers à un univers de connaissances très différentes de leur propre culture sociologique, étrangères à leur univers, abstraites à leurs yeux parce que non en lien avec la vie.

Le refus de la diversité des cultures est opposé, par ceux qui possèdent ou croient posséder "la culture", à toute culture autre que la leur. Il faut alors malheureusement constater que les milieux ainsi écartés de "la culture" n'ont, bien souvent, pas conscience de posséder eux aussi un patrimoine culturel non dépourvu de valeur.

Pour pousser un peu plus l'analyse il faut peut-être préciser ce que la culture n'est pas.

Dans le volume n0 1552 de la collection "Que sais-je ?" intitulé "Culture individuelle et culture de masse" on trouve une réponse :

" (La culture n'est pas :) une somme de savoir ou même un sommet des connaissances, une éducation raffinée, une formation achevée, une haute spécialisation, un snobisme pour "savants" ou "lettrés", un luxe de la pensée, l'ornement d'une société d'abondance, une évasion, un culte de soi, un domaine réservé à des privilégiés, un monopole dont l'État se ferait à la fois juge et partie, l'expression d'une conscience de classe ou de masse, le bien de consommation d'une industrie culturelle.

" Elle refuse de se laisser assujettir. Ce qui la rabaisse, la corrompt, l'avilit, lui est étranger. Elle n'appartient ni à des clans, ni à la puissance publique, ni aux marchands de la société capitaliste.

Ni les lettres, ni les arts, ni les sciences ne sauraient à tour de rôle l’accaparer. Sans liberté, elle se perd. Sans disponibilité, elle s’étouffe."

Ceci étant posé, il n’est pas question de méconnaître toutes les grandes créations dues au génie humain et de mépriser les peintres, les musiciens les architectes, les écrivains... dont les noms sont connus de tous. Mais de plus en plus le culte de la vedette nous est imposé et cela a peut être contribué à donner une conception élitiste de la culture.

Voyons les choses de plus près :

Les tailleurs de pierre de nos cathédrales du Moyen Age, les verriers qui en ont fait les vitraux n’ont pas laissé de nom et leur œuvre est encore admirée de nos jours. Ces gens n'étaient pas des étrangers au peuple, séparés de lui par une barrière d’incompréhension; ils répondaient au contraire à son attente par la création de forme et de visages reconnaissables.

A l'époque où les princes et les puissants avaient des orchestres, on chantait aussi dans les échoppes et les chaumières, des musiciens méconnus composaient pour faire danser le peuple lors des fêtes. Combien de ces airs ont été repris par les grands compositeurs et font encore le ravissement de brillants musiciens.

On pourrait allonger ainsi la liste. Les conteurs n’ont-t-ils pas repris des récits véhiculés depuis longtemps par de multiples inconnus parmi lesquels les nourrices tiennent une large part. N’en est-il pas de même pour les complaintes transmises par les colporteurs.

Ne faut-il pas admirer le style, la grâce, la beauté du mobilier paysan, des poteries et des objets utilitaires de chaque jour qu'ont réalisés les artisans des villages et des bourgs.

N'est-ce pas avec raison que l'on a dénommé tout cela "Arts et Traditions Populaires". Car il s’agissait vraiment d’artistes apportant à leur travail un soin exemplaire, même lorsqu’il s'agissait de travaux les plus simples comme par exemple le rempaillage des chaises.

Ces gens étaient pour la plupart illettrés... cela ne les a pas empêchés d'être des CREATEURS.

A l'époque de l'artisanat, le travailleur pouvait, par son travail, manifester son esprit inventif et créateur. Le développement technique de notre monde moderne ne permet plus cela. Le travailleur ne participe plus à la conception et à l'élaboration du travail, il n'est plus que l’exécutant sans réelle responsabilité, de tâches souvent répétitives. Dans ces conditions, pour beaucoup de travailleurs, le travail ne présente aucune possibilité de développement personnel.

Or l'épanouissement personnel de l'homme constitue l'enjeu de la culture, c'est donc d'une importance capitale.

L’extension du mot culture de son sens rustique au sens figuré qui nous préoccupe souligne le dualisme de l'action humaine ; celle que l'homme mène sur lui-même, corps (culture physique et sports) aussi bien qu'intelligence, et celle qu'il poursuit sur le monde qui l'entoure. Dans les deux cas, il s'agit de fertiliser et de développer les richesses d'un "terrain" qui autrement demeureraient improductives.

Les développements qui précèdent n’aboutissent pas à une définition formelle de la culture. Ce n'est pas là leur objet. Moins que tout autre, en effet, la notion de culture se laisse enfermer dans une définition mais il n'en était pas moins nécessaire, tout en laissant le débat ouvert de préciser ce qu'est notre conception de la culture (et ce qu’elle n'est pas), tant cette notion a été

Discutée, utilisée, quelquefois détournée et tant elle conditionne directement l'action que nous cherchons à mener.

Mais la formule M.J.C. n'a pas le monopole de l’action culturelle, elle n'est qu'une réponse à ce besoin parmi d'autres : école, famille, associations diverses et, plus généralement livres, presse, radio, T.V. cinéma, théâtre, etc.. et elle a, à ce titre, un rôle spécifique à jouer. Sa vocation n'est pas de se substituer à tel ou tel moyen d'action culturelle mais d'exercer une action qui lui est propre.

Ce rôle quel est-il et comment la M.J.C., par ses caractères propres, peut-elle le remplir ?

Créées au moment de la libération, les M.J.C. traduisaient le besoin ressenti à l'époque de développer une action culturelle en dehors ou plutôt au-delà des formules traditionnelles d'éducation (au premier rang desquelles l'école). Malgré l'évolution qu'a connue à cet égard notre société, l'extraordinaire essor des courants d'idées et des moyens de les véhiculer, la vocation des M.J.C. n'a pas changé.

Association à but non lucratif, la M.J.C. a tout d'abord vocation à pratiquer une action culturelle dégagée du système du marché, c'est à dire qui ne soit pas seulement sanctionnée, par la loi du profit et de la rentabilité. Ce caractère lui permet déjà de se démarquer de bon nombre de moyens d'action culturelle, dont l'action est souvent étouffée ou bien détournée des véritables objectifs de la culture.

Association à vocation générale, la M.J.C. est, par sa nature, différente d'une association de type classique qui est la réunion de personnes ayant un même secteur d'intérêt ou une même façon de penser, qui est un organisme à ouverture plus limitée et dont l'accès est réservé aux adhérents. Ouverte à tous, la M.J.C. ne s'adresse pas à un public de spécialistes mais favorise en son sein, ou développe à l'extérieur, les activités et les animations les plus diverses, ce qui lui permet d'être un lieu ou un facteur d'échanges et de rencontres.

Association locale, la M.J.C. n'est pas un organisme isolé. Par l'intermédiaire des fédérations départementale et régionale auxquelles elle est rattachée, elle fait partie de l'institution nationale M.J.C. qui fédère plusieurs centaines de Maisons des Jeunes et de la Culture installées dans toute la France. L'institution bénéficie ainsi d'un capital de pratique et d'expérience ayant pour origine la vie de chaque M.J.C., capital mis lui-même au service des M.J.C. fédérées et, par elles au service de la collectivité. Malgré les très nombreuses difficultés rencontrées, l'Institution représente un pôle significatif de l'animation culturelle et socio-éducative.

Association à statut particulier, la M.J.C. se distingue enfin par l’originalité de ses structures et de son mode de fonctionnement. Elle fonctionne tout d’abord dans un cadre de cogestion qui se concrétise par la composition de son conseil d’administration auquel siègent le Maire et trois représentants désignés par le Conseil Municipal à coté des membres élus par l’assemblée générale, de représentants d’associations associées à la M.J.C. avec l’accord de l’assemblée générale, d’un représentant de la Fédération Régionale des M.J.C. et du représentant du Ministère de tutelle : celui de la Jeunesse et des Sports. La place de quatre conseillers municipaux au conseil d’administration est le signe des relations privilégiées de la Municipalité et de la M.J.C.

Elle fonctionne ensuite dans un cadre d’autogestion qui a pour but de faire prendre en charge par les adhérents eux-mêmes la vie de leur association. A Savigny, il se concrétise par l’existence d’un "Conseil de Maison", structure souple, ouverte à tous les adhérents sans restriction particulière et responsable, selon le règlement intérieur , "de l’atmosphère et de la marche quotidienne de la Maison, du programme, du fonctionnement et du renouvellement des activités".

Ce mode de fonctionnement, qui donne aux adhérents la possibilité de gérer eux-mêmes leurs équipements et leurs activités, qui ne sépare pas la gestion de l’animation, favorise l’esprit d’initiative, initie à la pratique des responsabilités et permet la participation effective de chacun à la vie de l’Association.

Ce point est fondamental car la M.J.C. n’a pas vocation à n’être qu’un simple centre de distribution ou de prestation de loisirs éducatifs où chacun fait un choix de consommateur moyennant une cotisation modique, reproduisant ainsi le schéma habituel "producteur–consommateur". Elle ne veut pas se cantonner à un simple rôle de diffusion culturelle : elle n’est ni un musée, ni un cinéma, encore moins un équipement de prestige aux mains de "professionnels de la culture" ; mais, parce que ses fonctions sont d’abord des fonctions éducatives, la M.J.C. a vocation à favoriser l’action personnelle et collective, la prise de responsabilité, l’éveil des consciences chez ses usagers-adhérents.

Son mode particulier de fonctionnement le permet et contribue en cela à l’éclosion d’une véritable vie associative, c’est à dire d’une démocratie directe, vivante et active, il permet à la M.J.C. de ne pas être coupée de la population, mais bien d’être gérée pour elle et par elle.

Il n’est pas inutile de rappeler ce qui constitue en effet un des principes fondamentaux animant l’action des M.J.C. (extrait du rapport de la commission orientation de la Fédération des M.J.C. de la Région Parisienne) :

" Nous considérons plus que jamais indispensable de proclamer la valeur de la culture construite par ceux-là même qui la vivent, fruit de leur personnalité, de leurs échanges avec d’autres, de leur insertion dans les différents groupes au sein desquels ils sont amenés à vivre. Il ne s’agit pas de subir la retransmission d’une culture de classe considérée comme universelle. Au contraire, la notion que nous défendons implique l’effort personnel et collectif, permet la discussion et la remise en cause. Elle contient l’affirmation que ce qui est fait par les gens a plus de valeur que ce qui est fait pour eux ".

Association à but non lucratif, lieu d’échanges et de rencontres, ouvert à tous, intégrée dans une vie fédérative d’où elle tire force et expérience, enfin contribuant à une réelle vie associative, dans un cadre démocratique, la M.J.C. par l’ensemble de ses caractères spécifiques a, on le voit, vocation à répondre efficacement aux problèmes de la jeunesse et du développement culturel qui sont, dans notre ville, parmi les plus importants.

Instrument d’action culturelle original, elle a donc sa place dans notre cité, aux cotés des autres formules d’action culturelle, au sein de la politique culturelle de la municipalité.

A cet égard, nous avons noté avec satisfaction que, dans le document municipal d’avril 1975, parmi les moyens envisagés par la Municipalité pour faire face à ses responsabilités dans le domaine de la culture, figurait l’aide aux associations. Cette prise de position est importante car certaines municipalités choisissent parfois la non intervention dans le domaine culturel ou y répondent par des actions directes.

Ces deux dernières attitudes ne nous paraissent pas normales et il est heureux de constater que la Municipalité a fait le choix de favoriser l’action culturelle par le truchement des Associations locales.

Nous avons noté aussi que le document municipal ajoute "au sein des associations, la M.J.C. constitue un cas particulier. Par son activité et les publics auxquels elle s’adresse, elle ne vit pas en circuit fermé mais un grand nombre de ses manifestations s’adressent régulièrement à l’extérieur. Certaines manifestations s’adressent plus aux divers publics qu’à ses propres membres. Cette vocation lui donne le droit de recevoir de la Municipalité une aide particulière..".

On a vu comment cette appréciation de la vocation de la M.J.C pouvait être complétée et comment, en particulier, les liens qui existent de fait entre la M.J.C. et la Municipalité recouvraient davantage que le "droit de recevoir de la Municipalité une aide particulière", phrase qui, prise isolément, risquerait de donner de la M.J.C. une image "d’assisté" qui ne lui convient pas.

Avant d’en arriver aux conclusions de ce rapport, conclusions qui concernent plus précisément le cas particulier de la M.J.C. de Savigny, il est bon de voir comment tournent les M.J.C. dans quelques communes voisines, comparables à la nôtre :

A MORSANG SUR ORGE (20 000 habitants) ; la M.J.C. est installée dans un préfabriqué de 600 m², mais elle utilise la salle Pablo NERUDA pour ses activités ciné-club, théâtre, musique. Deux permanents (un directeur et un animateur) plus une secrétaire à mi-temps assurent le fonctionnement.

Les activités comprennent : lutherie, musique, géologie, théâtre (y compris celui pour enfants), photo, audiovisuel, sérigraphie, polyester, tissage, cyclotourisme, canoë … qui intéressent environ 1.000 personnes dont 230 adhérents.

Elle travaille en liaison avec les écoles. Des problèmes commencent à se poser en raison du nombre croissant des personnes qui s’intéressent aux activités.

A RIS-ORANGIS (27.500 habitants), le local est également un préfabriqué de 600 m² mais elle dispose aussi d’une antenne sur le Plateau. Trois permanents (un directeur, une directrice, une secrétaire) plus un animateur à mi-temps pour l’antenne.>

Les activités comprennent : gymnastique (y compris pour le 3ème age) randonnées pédestres, varappe, yoga, musculation, musique folk, émaux, poterie, peinture sur soie, photo club, atelier enfants, anglais, architecture, théâtre, tennis, piscine, permanences de l’Union des Consommateurs et du Planning Familial.

La M.J.C. compte 600 adhérents bien qu’il existe aussi un foyer d’adolescents et un centre culturel municipal qui occupe 4 ou 5 permanents. Il n’y a pas de concurrence entre la M.J.C. et le foyer et le centre.

A GRIGNY (26.000 habitants) la M.J.C. dispose, dans le centre, d'un local en dur de 800 m2 dont une salle de spectacle de 300 p1aces plus deux autres locaux à la Grande Borne (ensemble 500 m2 mais de taille très inégale).

Deux permanents (un animateur et un directeur) plus une secrétaire à mi-temps. En outre un animateur payé directement par la Municipalité est employé à la Grande Borne et la M.J.C. emploie quatre vacataires pour ses diverses activités.

Les adhérents sont 500 mais la M.J.C. touche davantage de personnes. Elle travaille en liaison avec les écoles.

Ses activités sont :

Au centre, théâtre, expression corporelle, peinture sur soie, poterie, tissage, dessin, danse, gymnastique, radio modélisme, photo, équitation, économie familiale, expression graphique.

A la Grande Borne : arabisation, télé club, ciné-club, animation de rue, mosaïque, masques, modelages, club magie, sortie plein air, sculpture, vernis, photo, dessin, peinture, taxidermie, instruction civique.

A DRAVEIL  (29.000 habitants) la M.J.C. disposait naguère d'un local de 240 m2, elle avait 400 adhérents et deux permanents et demi la faisaient fonctionner.

Un incendie ayant ravagé le local, des travaux ont été entrepris qui ont comporté :

- la réparation de l'ancien local,
- et un agrandissement en dur, de 460 m2 sur deux niveaux (coût 1.150.000 francs).

La M.J.C. a maintenant trois permanents : un animateur "Fonjep", un régisseur, et un animateur de foyer plus, à mi-temps, une hôtesse d'accueil et une secrétaire gestionnaire. La M.J.C. n'emploie pas de vacataires, tous ses animateurs d'activités sont bénévoles. La M.J.C. fait un gros effort de formation.

Le personnel peut être jugé important mais la M.J.C. a, à coté du secteur traditionnel M.J.C., un foyer de jeunesse où elle accueille des jeunes un peu marginaux qui ne sont pas adhérents. C'est un secteur difficile qui requiert un bon encadrement (aucun sens péjoratif à ce mot).

On trouve à la M.J.C. les mêmes activités que dans les autres maisons déjà citées, mais la M.J.C. s'intéresse également au 3ème age.

CORBEIL-ESSONNES (39.000 habitants) la M.J.C. occupe un bâtiment de construction récente dont 500 m² sont utilisés pour les activités culturelles, un niveau du bâtiment étant réservé au restaurant dont elle assume la gestion.

Elle emp1oie en permanence deux directeurs et un animateur plus une secrétaire et un comptable auxquels le restaurant apporte la plus grosse partie du travail.

La M.J.C. qui compte 320 adhérents inscrits (en dehors du restaurant) a des activités de plein air (canoës-kayaks, randonnée pédestre, varappe), des ateliers photo, expression corporelle, théâtre, poterie céramique, arts plastiques, sérigraphie lithographie, travaux manuels, aéromodélisme, des activités ciné jeunes, ciné réalisation, ping-pong et pétanque.

Elle entretien de bonnes relations avec le Centre Culturel qui, de son coté, emploie 22 permanents.

A noter :
- qu'à Corbeil, 70 personnes ont été recensées comme travaillant à l'animation socioculturelle,
- que la subvention municipale de fonctionnement allouée à la M.J.C. est de 100.000 F (soit 98 % du total).

A PALAISEAU  (29.000 habitants) la M.J.C. occupe un bâtiment semi-dur, semi-préfabriqué, développant 1.000 m2 sur deux niveaux mais le principe d'un prochain doublement de la superficie a été admis par la Municipalité car la M.J.C. compte près de 2.00O adhérents et touche près de 6.000 personnes. la M.J.C..

Pour son fonctionnement, la M.J.C. occupe :

  • en permanence, deux directeurs, une secrétaire et un agent d'entretien,
  • 17 vacataires dont deux à mi-temps.

Les activités sont en rapport avec le nombre des personnes touchées : activités d'échange et de rencontre, activités sociales et d'intérêt familial, activités d'expression, activités de pratique sportive, séjours voyages week-ends.

Toutes ces activités sont ouvertes aux gens de tous ages.

A SAVIGNY, la M.J.C. n'a pu, quant à elle, moins que dans les communes voisines, remplir jusqu'à ce jour le but pour lequel la plupart des associations locales la créèrent.

Depuis 10 ans, elle est dans une impasse : sa mauvaise implantation, l'inadaptation de son local et l'absence de personnel permanent ne lui ont pas permis d'assurer normalement son rôle éducatif et culturel. C'est, selon le mot d'un Inspecteur de la Jeunesse et des Sports "la plus moche M.J.C. de l’Essonne".

Revenons sur ces problèmes principaux :

Sa mauvaise implantation : située à l'écart des centres d'animation, la M.J.C. est d'un accès difficile (que renforce l'absence de fléchage) pour les personnes qui veulent la fréquenter. Implantée en pleine zone pavillonnaire, nombre d'activités qui sont pourtant spécifiquement de son ressort : musique, danse, réunions de masse... lui sont interdites parce que génératrices de bruit et donc de gène pour les voisins immédiats.

L'inadaptation du local : l’exiguïté, l'absence d'insonorisation, l'agencement mal conçu et l'inconfort du préfabriqué construit il y a 10 ans sont suffisamment patents pour qu'il ne soit pas nécessaire de s'attarder plus longuement sur ce point. Soulignons qu'actuellement une surface de 800/1000 m2 est considérée comme le minimum viable pour ce type d'équipement.

L'absence de personnel permanent : jusqu'ici seule la présence d'un noyau de bénévoles qui, heureusement, a toujours pu se renouveler au fil des années, a permis la survie de la M.J.C.. Toutefois, les limites inévitables à la disponibilité de ces adhérents, qui pour la plupart exercent une activité professionnelle à plein temps, et l'ampleur grandissante des tâches liées à la vie de la M.J.C. (tant sur le plan administratif que sur celui de l'animation même) font apparaître l’insuffisance de ce fonctionnement. Contraints à faire de la gestion "au jour le jour", sans avoir le temps de se former (par des stages notamment), ou de réfléchir suffisamment sur le sens de leur action et les modalités de celle-ci, l'équipe de bénévoles en vient fatalement au découragement, au sentiment d'échec devant les résultats auxquels elle ne peut parvenir dans un domaine difficile, et 1es besoins qui existent et auxquels elle ne peut répondre.

Cette situation est grave car elle arrive à fausser la pratique même du bénévolat, pratique qui en elle-même apparaît de plus en plus condamnée dans notre société, mais qu'il est pourtant indispensable de maintenir parce qu'elle est la meilleure école de formation aux responsabilités, d'ouverture aux problèmes et une des seule façons qui existent de pouvoir faire passer les individus du simple stade de la "consommation culturelle" à celui de l'action culturelle proprement dite.

Si donc le bénévolat est nécessaire au sein de la M.J.C., il n'apparaît désormais plus suffisant pour assurer à lui seul la bonne marche de celle-ci. C'est pourquoi la nécessité d'un personnel permanent apparaît fondamentale pour permettre enfin le véritable "décollage" de l'association.

Mauvaise implantation, inadaptation du local, absence de personnel permanent, ces trois facteurs conjugués non seulement empêchent la M.J.C. d'être un pôle d'attraction pour les jeunes, mais encore l'obligent à refuser à un grand nombre la possibilité d'y exercer les activités de leur choix. Ils expliquent pourquoi la M.J.C. actuelle ne peut être que condamnée à végéter voire, à long terme, à mourir.

Il n'est pas question d'ignorer le contexte particulier dans lequel se situe notre ville et qui rend toute action culturelle difficile

  • contexte géographique : étalement de Savigny, proximité immédiate de Paris où se trouve la plus grande concentration de lieux de spectacles, théâtres, cinémas, etc..

  • contexte socio-économique : Savigny est ce qu'il est convenu d'appeler une "ville-dortoir" où la population, après ce qui est consacré au travail, au transport, à la vie familiale, n’a plus le temps suffisant pour "autre chose",

  • contexte financier : est-il besoin de rappeler les difficultés dans lesquelles se débat à cet égard la commune ? etc..

Sans nier ces problèmes donc, nous pensons cependant qu'une M.J.C. a sa place et doit pouvoir se développer, comme dans les communes voisines.

Regardons en effet les choses d'un peu plus près :

Sur une population totale de 34.700 habitants, Savigny compte 11.000 moins de 20 ans, soit près du tiers de ses habitants. Sur ces 11.000, 9.800 ont entre 6 et 20 ans. Même en tenant compte d'une diminution du nombre des naissances, la "clientèle" potentielle d'une M.J.C. n'est pas sur le point de s'éteindre.

Au surplus, la M.J.C., sans vouloir entrer en concurrence avec les autres Associations de la commune, n'entend point être cantonnée dans les activités destinées aux jeunes.

La situation actuelle de la M.J.C. à Savigny n'est donc pas normale et nous insistons très fortement sur l'urgence des solutions car si l'on peut considérer comme un miracle la survie actuelle de la M.J.C., il faut bien savoir que ce miracle ne durera pas et, à bien des signes, on peut pronostiquer que sans remède rapide auquel la Municipalité doit concourir, la M.J.C. s’éteindrait bientôt définitivement.

Ce serait un rude coup porté à la vie associative dans notre ville et au développement culturel de celle-ci.

En conclusion des différentes considérations qui viennent d'être développées, nous sommes amenés à faire à la Municipalité les propositions suivantes :

  • Dans les plus brefs délais, il faut doter la M.J.C. d'un Directeur permanent car il n'est plus possible d'assurer un bon fonctionnement, même dans le local actuel, avec le seul concours de bénévoles.
    À cet égard, nous signalons que la Fédération Régionale des M.J.C. de la Région Parisienne serait en mesure de nous procurer un Directeur dès le mois de septembre prochain.
  • Dès maintenant, il faut se pencher sur un projet concret de construction prochaine d'une vraie M.J.C.
    Il est prématuré de présenter un plan de la M.J.C. que nous souhaitons voir édifier, tant que le choix du terrain n'aura pas été décidé. Mais, pour faire ce choix, il faut tenir compte et de l'emplacement et d'une surface optima à fixer.
  • Il faut assurer pleinement la concertation Municipalité/M.J.C., dans le cadre de la cogestion, tout en conservant la spécificité et l'indépendance de la M.J.C.
    Cette concertation a été en partie prévue dans la convention actuelle entre la M.J.C. et la Municipalité puisque un alinéa mentionne une rencontre annuelle pour discuter de la subvention.

  • Enfin il faut continuer la concertation entre tous ceux qui sur le plan local ont des responsabilités culturelles et socio-éducatives afin de bien coordonner les activités.

Il ne s'agit pas d'enfermer la M.J.C., les Offices municipaux et la Commission culturelle municipale dans un cadre rigide mais de délimiter très approximativement le domaine respectif de chacun.

Dans notre grande ville, il y a tant à faire que tous doivent trouver leur place mais il s'agit d'éviter la concurrence et de développer la coopération.

A titre d'exemple, il ne nous parait pas de la compétence de la M.J.C. d'organiser un spectacle comme celui dont Dalida fut la vedette sauf, peut-être, si ce gala était organisé au bénéfice d'une œuvre (par exemple lutte contre la faim) et à la suite de demandes faites à la M.J.C. par des Associations ou Groupements.

Par ailleurs nous estimons qu’une M.J.C. dynamique et des Associations vivantes apporteraient beaucoup aux Offices et contribueraient à renforcer leur rôle.

Tout ceci est un vaste programme qui est de nature à stimuler et à développer l'activité culturelle de notre ville mais qui représentera un effort financier important et soutenu.

En effet, il est vain de croire que tout sera résolu lorsque la M.J.C. aura été construite et équipée, lorsqu'elle aura été pourvue d'un animateur.

Bien au contraire, le développement prévisible des activités entraînera progressivement la nécessité d'accroître la subvention annuelle de fonctionnement et ultérieurement un seul permanent sera sans nul doute insuffisant

Il nous est impossible de chiffrer maintenant l'accroissement de cet effort mais une enquête de Municipalité auprès des communes voisines citées plus haut apporterait certainement des éléments de réponse à cette question.

Il est par ailleurs bien entendu que dans la limite de ses faibles moyens, la M.J.C. continuera son action en cours à laquelle elle souhaite associer toutes les bonnes volontés et toute la population pour obtenir de l'État une aide permettant à la Municipalité d'apporter, dans les meilleures conditions, une réponse favorable à nos demandes qui nous sont inspirées par le souci du bien commun de la population.
 

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