Le Cri des Bêtes
Exposition ilustrations
Marc Daniau
Du 6 au 24 mars 2006 - MJC/MPT François Rabelais
Vernissage et dédicace du livre, samedi 11 mars à 16 H
Aussi loin que je me souvienne, rencontrer des animaux m'a toujours marqué. A part les chiens.
D'abord il y a eu Sultan le cheval de trait de mon grand père agriculteur, silhouette sombre, imprécise, pleine de force tranquille et de toutes ses vaches fières, que l'été en fin d'après-midi, nous les enfants, étions chargés de ramener des pâturages. Des vaches toutes différentes avec des cornes, des vaches noires et blanches, crèmes blondes, marrons tachetées, avec des regards profonds qui me parlaient des temps anciens, de Lascaux, de bisons, de magies oubliées.
Je me souviens d'un martin-pêcheur qui d'un trait orange et bleu découpa l'air que je respirais avec plaisir, au bord d'un étang enfoui au creux d'un bois mystérieux que j'explorais avec tout le sérieux de mes dix ans. Je n'oublie jamais les dromadaires que j'ai côtoyés à Agadez Niger, ni Arthur le baudet du Poitou de la ménagerie du Jardin des plantes qui me reconnaissait de loin, ni le cheval borgne et gris de l'école vétérinaire de Nantes.
J'ai croisé des hérissons, des chevreuils, des hérons, des garennes, d'autres chevaux, des cailles, des perdrix, des watusis au Niger encore et dans des ménageries de cirques. J'ai vu le train rigolo des souris tikatika à Dacca au Bangladesh, un blaireau dans la nuit ardéchoise, un renard à Champs-sur-Marne, d'autres vaches agiles, des tortues, des serpents et un mouflon solitaire en Corse, et des tas de canards, de poules et de lapins partout. Je suis toujours amusé d'apercevoir des souris entre les rails du métro parisien. Je rêve de voir des éléphants libres ou travaillant, des baleines et des cachalots.
Je me souviens aussi de ce lourd cheval de trait
grisonnant, immobile sous une neige improbable à Saint-Mars La Jaille,
Loire Atlantique. Quand je peux, je les photographie, j'essaie de les
dessiner ; leurs formes, leurs couleurs (ça va encore), mais leurs
respirations, leurs regards, leurs mouvements ou plutôt l'idée qu'ils
peuvent sauter, courir, s'envoler l'instant d'après - comment
représenter tout ça ?
Récemment, on m'a confié l'illustration de l'album Cri des bêtes, un livre qui ne raconte pas d'histoire, mais qui nomme le cri d'une cinquantaine d'animaux. Chaque image raconte un bout d'histoire différente, des rencontres impossibles, où les mots déclenchent des rapprochements rigolos et des univers bizarres. Je me suis pris au jeu, je me suis surpris et j'ai eu énormément de plaisir à représenter tous ces animaux dans des situations improbables.
Marc Daniau
Vente et dédicace samedi 11
mars 2006
à 16 heures
